Rémunération des professeurs : M. Pap N’Diaye essaie-t-il de mettre la poussière sous le tapis?

Communiqué de Pierre Aliotti, professeur certifié de lettres modernes.

Alors que la rentrée des classes est proche, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi (25 août 2022) une revalorisation salariale des enseignants. Les jeunes enseignants ne débuteront plus leur carrière avec moins de deux mille euros nets mensuels, a-t-il dit. 

Certes… S’il convient de saluer une revalorisation dont la nécessité fait l’objet d’un consensus depuis fort longtemps bien au-delà du milieu enseignant, il faut aussi prendre de la hauteur afin de considérer l’ensemble des éléments. Rappelons que les professeurs français, parmi les moins payés de l’OCDE, ont subi de plein fouet le gel du point d’indice pendant de nombreuses années. Nous savons que le métier de professeur n’est plus attractif. Notre pays fait face à une crise des vocations dans un domaine pourtant crucial pour son avenir, et une simple hausse des salaires ne saurait régler le problème. Nous pouvons ainsi, légitimement, en prenant connaissance de cette promesse présidentielle, nous demander si l’objectif n’est pas de faire le minimum syndical pour cacher la poussière sous le tapis. 

Pourquoi les étudiants ne rêvent plus d’exercer le métier de professeur, autrefois si prestigieux ? Qu’est-ce qui explique, hérésie républicaine, que nous ayons désormais recours à des professeurs recrutés sur « speed-dating » avec seulement une licence en poche ? Non, la question salariale n’explique pas tout. Le gouvernement confond ou fait mine de confondre le gâteau avec la cerise salariale qui le couronne. 

La multiplication d’établissements ghettos, résultat d’une politique d’immigration incontrôlée, explique en partie la désaffection pour le métier (notamment dans les fameux « quartiers sensibles »). Mais ce problème considérable ne relève pas de la compétence du ministère de l’Education Nationale. Pour redonner envie à nos jeunes, il faudrait restaurer l’autorité au sein des établissements scolaires, remettre le savoir au cœur des enseignements en lieu et place de l’idéologie, redonner à l’exigence sa juste place vis-à-vis de la bienveillance dont les enseignants entendent tant parler chaque année, revoir des programmes largement perfectibles dès lors que l’on sait, par exemple, que des personnages clés de l’Histoire de France (Napoléon entre autres) sont survolés, et remettre enfin en cause le collège unique qui empêche les élèves, les meilleurs comme les plus en difficulté, de réussir et de s’élever socialement. 

Comment un jeune pourrait-il avoir envie, même avec un salaire net de deux mille euros, d’enseigner dans une classe où il n’est pas respecté? Tout ceci demande un vrai travail et de vraies réponses. Passons sur le passé proche du nouveau ministre qui ne rassure pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Maintenant qu’il est en fonction, à lui d’agir sans quoi rien ne changera!

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