Communiqué : DNB 2018 – une réforme inutile, emblématique de la méthode Blanquer

Communiqué : DNB 2018 – une réforme inutile, emblématique de la méthode Blanquer

Les nouvelles modalités du DNB (diplôme national du brevet) voulues par Jean-Michel Blanquer ont été publiées au Bulletin officiel jeudi 4 janvier. Cette publication entérine l’arrêté du 29 novembre et la note de service du 22 décembre consacrés à ce diplôme marquant la fin du collège. Cette réforme, qui ne modifie qu’à la marge le DNB, est un simple replâtrage qui permet au ministre-vedette d’Emmanuel Macron de s’offrir à moindre frais un coup de com’ en affichant un « brevet équilibré et clarifié » mais sans traiter les problèmes de fond.

En effet, le DNB, 1er diplôme décerné aux jeunes Français (en fin de 3e), a été quasiment vidé de sa substance par les innombrables réformes dont il a été l’objet. Héritier du BEPC (brevet d’études du premier cycle), il a vu son niveau s’effondrer pour devenir un diplôme sans valeur sur le marché du travail et sans utilité dans le parcours scolaire puisqu’il ne conditionne aucunement l’orientation (un élève peut passer en seconde même en ayant raté son brevet). Sa seule fonction est de permettre aux lauréats, toujours plus nombreux, de postuler aux concours de catégorie C de la fonction publique. Il ne constitue plus une garantie quant au niveau des collégiens.

Par l’effet pervers du contrôle continu et des consignes de « clémence » (c’est-à-dire de laxisme) données aux jurys, le DNB a perdu son caractère sélectif : avec 89% de taux de réussite en 2017 (720.000 lauréats dont 70,4% reçus avec une mention), cet examen est devenu une simple formalité (au grand dam des enseignants qui aimeraient lui redonner du contenu). Ainsi, l’idéologie égalitariste du « brevet pour tous » a devancé de quelques années celle du « bac pour tous » que nous avons dénoncé dans un précédent communiqué*.

Monsieur Blanquer, par pur conformisme, refuse de remettre en question cette dérive du « brevet pour tous »: il confirme le principe du contrôle continu (à hauteur de 50% de la note totale) ainsi que l’enfumage autour du « socle commun des connaissances, de compétences et de culture ». Pire, l’évaluation du « socle », c’est-à-dire le contrôle continu, se fera toujours selon 4 « appréciations » et non des notes chiffrées. Ces catégories ont été manifestement conçues pour augmenter artificiellement le taux de réussite puisqu’une seule appréciation (« maîtrise insuffisante » sanctionnée par 10/50) met le candidat en difficulté. Les 3 autres donnent la moyenne (« maîtrise fragile », 25/50) ou de nombreux points d’avance (maîtrises « satisfaisante », 40/50 et « très bonne », 50/50). En outre, l’épreuve orale, notée sur 100, reste une « soutenance de projet » sur les « parcours » pédagogiques ou les très controversés EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires hérités de la période Najat Vallaud Belkacem). Cet oral, où les élèves peuvent passer à plusieurs, donne lieu à des notations particulièrement « bienveillantes ». La « cérémonie républicaine de remise des diplômes du brevet », qui pourrait être un rituel utile et valorisant l’excellence, semble donc dérisoire pour un brevet « pour tous » si peu exigeant.

A rebours de ce que propose M. Blanquer, Ecole & Nation considère que la seule réforme qui vaille serait de rehausser le niveau d’exigence du DNB pour le transformer en examen réellement sélectif. Pour ce faire, il faudrait tout d’abord supprimer le contrôle continu pour ne garder qu’une épreuve terminale anonyme et nationale. Ensuite, la « soutenance » doit devenir un véritable oral disciplinaire basé sur un sujet fixé par le jury, préparé dans une salle surveillée et suivi par un exposé devant les examinateurs. De plus, des consignes très strictes doivent être données aux jurys afin de revaloriser le diplôme, quitte à voir le taux de réussite baisser. Enfin, il faudra envisager de conditionner l’entrée en seconde à l’obtention de ce brevet, qui doit fonctionner comme une écluse afin d’éviter la fuite en avant constatée au lycée puis à l’université.

Cette réforme 2018 est donc un rendez-vous manqué, M. Blanquer restant prisonnier de la doxa égalitariste. Cette fausse réforme du DNB est emblématique de la méthode du nouveau ministre : saturer l’espace médiatique d’annonces tous azimuts mais sans agir sur les causes profondes du malaise de l’Education nationale.

*Pourquoi le plan « étudiants » du gouvernement Philippe est-il voué à l’échec ?

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