Communiqué : Pourquoi le « plan étudiant » du gouvernement Philippe est-il voué à l’échec ?
Mardi 12 décembre, l’Assemblée nationale a débattu du projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants. Ce texte fait suite à l’annonce, samedi 30 octobre, d’un vaste « plan étudiant » porté par Edouard Philippe (1er ministre), Frédérique Vidal (ministre de l’Enseignement supérieur) et Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education nationale). Ce « plan étudiant » est censé réduire le taux d’échec massif en licence (plus de 60%) et améliorer l’orientation des néo-bacheliers.
Certaines mesures de ce plan vont dans le bon sens comme la suppression du tirage au sort (qui constituait un véritable scandale) ou la fin programmée du régime de sécurité sociale étudiant (inefficace et noyauté par la gauche via LMDE*). Le renforcement de l’aide à l’orientation en terminale est bienvenu même si certains points ressemblent fort à des effets d’annonce : les professeurs sont d’ores et déjà très mobilisés sur cette question et n’ont pas attendu ce projet de loi pour « accompagner l’orientation au lycée ».
Malheureusement, Edouard Philippe n’est pas allé jusqu’au bout de sa démarche et refuse de faire le bon diagnostic. En effet, le problème central dont souffre notre Université, c’est-à-dire la massification à marche forcée des études supérieures, n’est absolument pas abordé. Depuis 1985, l’idéologie socialiste du « bac pour tous » (« amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat ») a en réalité poussé notre système éducatif dans une fuite en avant, l’augmentation du nombre de diplômés étant en grande partie obtenue par une baisse du niveau. Ainsi, le nombre de bacheliers est passé de 250.000 en 1985 à près de 640.000 en 2017. Sur cette période le taux de réussite dans les filières générales et technologiques est passé de 65% à 90% avec une inflation du nombre de mentions. Le baccalauréat professionnel, dont le principe de départ était excellent, a été dévoyé. Il a perdu sa vocation initiale (l’accès à l’emploi) et fait de plus en plus figure de sésame pour l’échec à l’Université. Par pure démagogie, la gauche a donc enclenché un cercle vicieux : l’abaissement du niveau du bac entraine mécaniquement un engorgement des Universités. Rien dans le « plan étudiant » n’est prévu pour enrayer cet affaissement généralisé.
Le gouvernement de M. Philippe ne traite donc que les conséquences du problème (l’échec massif en licence) et refuse, par conformisme idéologique, de s’attaquer à leur cause principale (la distribution démagogique d’un baccalauréat de moins en moins exigeant). Le gouvernement pourra donc multiplier les moyens dévolus à l’orientation (comme la désignation d’un 2e professeur principal en terminale) ou prévoir des aménagements en 1ere année à l’Université, il ne réglera pas le problème de fond. Le changement de logiciel d’affectation des élèves (APB** devenant « parcoursup ») ne changera rien à la situation.
Ce fiasco de l’entrée à l’Université est l’aboutissement d’une logique égalitariste conduisant tous les élèves dans un système uniformisé : le collège unique suivi du « bac pour tous ». Ecole & Nation considère au contraire que l’Education Nationale devrait valoriser la pluralité des parcours conformément à la diversité des profils d’élèves et à la réalité du marché du travail. Une réforme réussie passe donc par la revalorisation des filières d’apprentissage, la restauration de la mission initiale du baccalauréat professionnel et la mise en place d’une sélection tout au long de la scolarité. Le baccalauréat, censé être le 1er grade universitaire, doit être l’aboutissement de cette logique sélective. Or la réforme annoncée par J.M. Blanquer semble aller vers une dégradation supplémentaire de ce diplôme (par le contrôle continu). Tout indique malheureusement qu’aucune réforme réelle ne sera mise en place par ce gouvernement. Faute de volonté politique, ce gigantesque gâchis pour nos jeunes va se perpétuer et même s’aggraver dans les années à venir.
* La Mutuelle Des Etudiants.
** Admission Post Bac
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