Analyse : Rentrée des classes 2019 : Jean-Michel Blanquer décroche, l’Ecole s’enfonce

Par Franck Allisio, conseiller de Marine Le Pen, responsable national des forums.

Alors que se déroule la rentrée des classes, la popularité du ministre de l’Education nationale, pourtant premier de la classe macroniste, s’effondre de 16 points en six mois (sondage Odoxa Dentsu Consulting publié jeudi 29 août).

A presque mi-mandat présidentiel, les Français semblent se lasser des bonnes intentions d’un ministre devenu celui de la demi-mesure et de l’effet d’annonce.

Car au-delà des postures et de quelques timides tentatives, Jean-Michel Blanquer reste le spectateur impuissant de 30 ans de naufrage d’une Ecole prise en otage par la technostructure, les syndicats et les idéologues « pédagogistes », au détriment des enfants des classes moyennes et populaires. Préparée et annoncée par Najat Vallaud-Belkacem sous François Hollande, la réforme du Bac portée par Jean-Michel Blanquer va transformer ce dernier en simple « brevet des lycées » dont la valeur dépendra du lycée – des quartiers chics ou au contraire populaire – dans lequel l’élève aura étudié. Acter la disparition d’un bac national « un et indivisible » revient à enterrer le principe même d’égalité des chances : à la sélection au mérite succède définitivement celle par l’argent.

Après 9 mois d’attente, le « grand plan de lutte contre la violence scolaire », promis suite au mouvement #PasDeVague, s’avère quant à lui un énième plan de Com’ et de mesurettes alors même que l’enquête Pisa de 2015 indique que la France est le pays où le « climat de discipline » s’est le plus dégradé ces dernières années en salle de classe.

Les demi-mesures de Jean-Michel Blanquer s’avèrent totalement inopérantes face à l’ampleur du désastre. Inopérantes face à la détresse de cette institutrice en « réseau d’éducation prioritaire » qui ne sait pas comment faire son travail face à une classe constituée à 80% d’élèves dont la langue maternelle n’est pas le français (in Valeurs Actuelles du 28 août). Pas plus efficace face à cette jeune professeur de collège de banlieue nord de Paris dont certains élèves cumulent jusqu’à 58 demi-journées d’absence sans aucune sanction (in Valeurs Actuelles du 28 août).

Alors que la France avait mis un siècle à bâtir l’Ecole des hussards de la République, ces 30 dernières années ont vu, la gauche par idéologie et la droite par lâcheté, déconstruire des méthodes d’apprentissage et des savoirs fondamentaux qui avaient fait leurs preuves, une transmission et une verticalité du savoir qui fondaient l’autorité du professeur. De Lionel Jospin à Najat Vallaud-Belkacem en passant par François Bayrou, Jack Lang et Luc Ferry, tous contribuèrent à ce naufrage. Avec en coulisses, un jeune recteur nommé Jean-Michel Blanquer qui accompagnait le mouvement jusqu’à envisager de payer les décrocheurs de Seine-Saint-Denis pour les faire revenir en classe…

Les effets de 30 ans de dérive sont là : le niveau des élèves français est en chute libre dans les matières fondamentales. En mathématiques, nos résultats – dans le primaire et le secondaire – sont bien en dessous de la moyenne européenne et internationale (enquête de l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire). En français, seuls 17% des élèves en fin de CP savent appliquer le pluriel et en CM2, le nombre de fautes en dictée a augmenté de 30% depuis 1987.

Elèves, parents d’élèves et enseignants sont naturellement les premières victimes de cet échec. Ces derniers n’ont pas besoin de surenchère numérique (la création de 60 000 postes sous François Hollande n’a fait qu’accompagner l’effondrement) ni même financière (même si les 25 euros bruts par mois d’augmentation octroyés par Jean-Michel Blanquer après des années de gel des salaires sont de l’ordre de la provocation), les enseignants ont d’abord et avant tout besoin du soutien et de la considération de leur hiérarchie.

Ce soutien passe en priorité par le rétablissement de l’ordre et de l’autorité au sein de la classe, de la sécurité au sein des établissements scolaires.

Ce soutien passe également par une véritable formation des enseignants qui doit être arrachée aux idéologues hors-sol (dont les cours de « pédagogie » prennent la forme de modules « corps et voix », de jeux de « pyramides humaines » ou encore de conférence légitimant la radicalisation et remettant en cause la laïcité à l’ESPE de Créteil en 2017) pour donner toute leur place à l’apprentissage des fondamentaux et à l’intervention de formateurs venus du terrain.

Un exemple concret et de bon sens en cette rentrée : l’allocation de rentrée scolaire (ARS) vient d’être versée à 3 millions de familles sous conditions de ressources. Ces 2 milliards d’euros sont versés sans contrôle et parfois détournés de leur destination initiale. Pourquoi cette somme considérable n’est pas directement investie par l’Etat en fourniture et équipement, au niveau de chaque académie ou de chaque établissement ? Cela permettrait tout à la fois de négocier des prix via des achats groupés, de développer un sentiment d’appartenance à chaque établissement (uniforme, tenue de sport…) à rebours de la coûteuse course aux marques, et surtout de mettre en oeuvre le localisme en achetant du « fabriqué en France » qui contribuerait à l’emploi et au développement de nos PME. -L’Ecole doit être un enjeu majeur du projet d’alternance que nous bâtissons. Lorsque l’on croise les derniers rapports Pisa et OCDE, on constate que la France est l’un des pays les plus égalitaires au monde en matière de redistribution des revenus et des patrimoines, mais qu’elle a désormais, en revanche, l’Ecole la plus inégalitaire de tous les pays de l’OCDE (enquête PISA 2015). Ainsi, 17% des enfants de parents non-diplômés du second cycle obtiendront un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 73% de ceux ayant des parents diplômés. Cette mise à mal de notre méritocratie républicaine est l’une des principales sources de la détresse des classes moyennes et populaires.

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